Mimi, Fifi et Glouglou, la BD pour rire autour du vin
Bonjour Michel Tolmer, il paraît que toute cette histoire a commencé avec des vins naturels… dites-nous en plus !
Effectivement, j’ai fait des études d’arts graphiques et depuis les années 90, j’accompagne des personnes (vignerons, cavistes, restaurateurs, bistrots) dans le domaine des vins naturels.
Je me sens très proche de cette communauté. Ce sont des gens de toutes les régions qui échangent, se mélangent, se croisent, voyagent partout en France et dans le monde. Ils forment une identité de terroir ouverte aux autres, à la multiplicité des goûts et des expériences humaines.
Je me suis rendu compte que toutes ces personnes avaient besoin de transposer leur travail en image. Comme je connais bien leur univers et leur sensibilité, je peux faire des étiquettes pour leurs vins, et plein d’autres choses (affiches, cartes commerciales, logos, invitations pour des dégustations…).
Vous avez créé ces trois personnages « dégustateurs de combat »: Mimi, Fifi et Glouglou. Qui sont-ils ?
Ces trois dégustateurs sont nés sur le blog Glougueule, que j’ai créé en 2008 avec Philippe Quesnot, et le premier tome papier de leurs aventures est paru en 2013. Le tome 2 vient de paraître.
Ils sont inspirés de personnes que j’ai croisées, de situations que j’ai pu vivre… avec toujours la conscience de passer tout près du ridicule. Mais ils ne représentent personne en particulier, et c’est fait exprès. Ce sont des personnages très simples : trois coups de crayon dans lesquels on peut retrouver les traits de caractères de qui on veut.
Le ton de ces aventures est assez moqueur… vous assumez ?
Le ton est moqueur, oui, parce que c’est drôle ! Ce qui m’intéresse, c’est de pousser ces personnages dans le registre comique. Mais j’ai une totale admiration pour ces vins, et une grande sympathie pour ceux qui le représentent. J’aime leur indépendance salutaire, leur joie de vivre, ils sont déconnants et ne se prennent pas au sérieux.
Il y a un thème très présent dans cette BD, c’est la valeur d’un vin. Savoir ce qu’il vaut aux papilles de celui qui le goûte, ce que les autres en disent, évaluer son prix… c’est quoi, en fait, la valeur d’un vin ?
Il y a un exercice très pratiqué dans le métier, c’est la dégustation à l’aveugle, pour ne pas être influencé et évaluer un vin de manière impartiale. On le pratique en mode professionnel, ou en mode « jeu » au cours d’un dîner par exemple. Le principe c’est de trouver un terrain commun de jugement et de paroles sur le vin, en mettant des mots sur des sensations très fugitives. Les vins naturels sont changeants eux-mêmes, ce sont des vins vivants qui réservent bien des surprises. De plus, on se rend compte que l’odorat et le goût sont deux sens un peu flous qui peuvent varier. À ce petit jeu, on a tous envie de gagner : ça rassure, ça permet de briller… mais en fait, la règle, c’est qu’on ne trouve pas, et l’exception c’est que l’on trouve.
Les vins naturels nous obligent à revenir à quelque chose de très simple, d’évident et d’instinctif. Quand c’est bon, c’est bon ! Il ne faut pas que ce soit compliqué. Ces vins sont « buvables », faciles à digérer et à aimer, pas fatigants. Ils plaisent beaucoup aux jeunes qui ont pu retrouver le plaisir de boire du vin, sans le côté intimidant des grandes étiquettes. Les vins naturels sont aujourd’hui à la mode, appréciés, exportés, et du coup les prix montent un peu. Mais ça reste raisonnable, on est loin d’autres vins très connus comme les grands Bordeaux qui sont devenus des objets de spéculation à des prix indécents.
Vous invitez des personnages féminins dans ces dégustations… les hommes et les femmes sont-ils égaux face au vin ?
Il y a 20 ans, dans les salons et les dégustations, il y avait 9 hommes pour 1 femme. Maintenant, c’est presque à parité. Beaucoup de jeunes femmes sont attirées par cet univers, et elles ont de très bonnes capacités sensorielles. Je trouve que les femmes ont un pragmatisme qui peut manquer aux hommes : on est dans un milieu de copains, très masculin, et le vin peut devenir obsessionnel. Les femmes ne sont pas comme ça : elles rappellent les hommes à la raison, pour leur dire qu’il existe autre chose dans la vie que le vin. Et ne le répétez-pas mais elles sont souvent meilleures en dégustations…
Et pour finir, Michel Tolmer, quel amateur de vin êtes-vous ?
Ce que j’aime c’est la diversité, la possibilité d’avoir accès à des vins très différents, pour tous les jours et pour toutes les envies. À titre personnel j’aime beaucoup les vins du Beaujolais, qui sont très équilibrés. C’est une région décriée car il y a encore de mauvaises pratiques autour du beaujolais nouveau, mais dans le domaine des vins naturels c’est un maillon essentiel. Bien sûr, il y a aussi la Bourgogne (le pinot noir, c’est incomparable), les vins de Loire que j’adore, et aussi le champagne… La diversité, je vous dis !
Merci à Michel Tolmer d’avoir répondu à nos questions, et pour découvrir cette excellente BD, ça se passe ici.
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