L’apport inattendu du vin aux archéologues
C’est en effet grâce au vin que des archéologues israéliens ont pu découvrir un nouveau pan de l’histoire de l’humanité. Lors de fouilles au pied des murs de Jérusalem, ils ont en effet mis au jour un morceau d’une jarre en terre cuite portant une inscription incomplète de 8 lettres qui vient d’être décryptée. Il aura fallu plusieurs années pour comprendre son sens car, à cette époque, le sens de lecture de l’écriture n’était pas encore fixé, certains lisant de droite à gauche et d’autres de gauche à droite.
Les experts ont réussi à identifier plusieurs portions de mots qui semblent indiquer que la jarre contenait du vin de qualité inférieure, avec sa date de mise en « jarre » et son origine. Un vin de table millésimé d’origine contrôlé, en quelque sorte. Le fragment ne permet pas de donner plus d’indication ni sur le cépage, ni sur les épices qui étaient le plus souvent ajoutées au vin à cette époque.
La qualité du vin est cependant une information majeure pour les archéologues. Le fragment date de la deuxième moitié du dixième siècle avant notre ère, autour du règne du roi Salomon, une époque où un premier temple, des palais ainsi que les premiers murs unifiant les trois quartiers de la ville ont été construits. La jarre, de grande taille, n’était pas conçue pour conserver le vin, qui devait rapidement être bu.
Un véritable fleuve de vin de mauvaise qualité était en effet distribué aux nombreux soldats, esclaves et ouvriers employés à ces grands travaux d’état. Avec cette inscription, les chercheurs confirment l’existence d’une administration organisée, qui faisait livrer du vin dont l’origine et la qualité étaient indiquées sur les jarres et émettent l’hypothèse que de telles informations étaient peut-être consignées dans des registres.
Ces inscriptions en proto-cananéen, sans doute une forme primitive d’hébreu, viennent appuyer la théorie, encore disputée aujourd’hui, selon laquelle l’usage de l’écriture était déjà largement répandu dans la région à cette époque. Si les bureaucrates de l’époque étaient capables de consigner par écrit les livraisons de vin, d’autres scribes étaient peut-être chargés d’enregistrer les faits de guerre ou l’histoire du royaume.
Les spécialistes s’interrogent désormais sur la possibilité de retrouver des traces écrites des récits de l’ancien testament pour lequel, jusqu’ici, la communauté scientifique n’envisageait que des sources dans la tradition orale.