Si vous déambulez près des « Amoureuses », des « Crais », des « Beaux Bruns », des « Groseilles » ou encore des « Échézeaux », pas de doute, vous êtes bien dans le vignoble bourguignon ! Mais d’où viennent ces noms, parfois amusants, parfois surprenants mais souvent poétiques ? Trois Fois Vin creuse pour vous l’histoire et l’étymologie de ces parcelles !
Qu’est-ce qu’un climat ?
Cette véritable originalité culturelle est l’âme même de la Bourgogne. Alors que l’on parle de cépage en Alsace, de château dans le Bordelais ou encore de marque en Champagne, le vignoble bourguignon est, pour sa part, divisé en lieux-dits appelés climats. Imaginez une immense mosaïque, composée d’une multitude de parcelles de vignes, parfaitement délimitées et caractérisées par leur type de sol et leur micro-climat. Présents aussi bien dans les appellations régionales que villages, premiers crus et grands crus, des milliers de climats sont répertoriés au cadastre. Le président du comité de soutien des climats du vignoble de Bourgogne, Bernard Pivot, le résume très bien : « En Bourgogne, quand on parle d’un Climat, on ne lève pas les yeux au ciel, on les baisse sur la terre. »
L’histoire d’un terroir
C’est en observant les différentes parcelles de vignes et leurs particularités que les moines bénédictins trouvèrent chaque nom, pour la plupart au Moyen-âge. Plus précis finalement que la notion de terroir, les climats racontent avant tout une histoire.
L’intervention de l’homme dans le paysage bourguignon est à l’origine de nombreux noms. Les défrichements du XIIe siècle pour implanter la vigne, donnèrent, par exemple, des dérivés d’ancien français tels que « Les Chaumes » et « Les Brûlées ». On retrouve également « La Riote », en référence à une petite rue, mais aussi « La Romanée » signalant la proximité d’une ancienne voie romaine. Les « Clos », « Meix » et autres « Chezeaux » évoquent des constructions, allant d’une riche demeure fermée à une simple exploitation agricole.
En bons observateurs de la nature, les bourguignons ont bien sûr apporté une attention particulière au terroir de leurs vignes. C’est pourquoi on retrouve dans les noms de nombreuses indications concernant le relief, l’altitude, la végétation ou encore la géologie des parcelles. « Les Crais », « Perrières » et « Les Cailles » font, par exemple, référence aux sols caillouteux et aux carrières de craie. « Les Amoureuses » révèlent, quant à elles, une terre argileuse, appelée ainsi par les vignerons parce qu’elle reste collée aux bottes…
Intimement liés à leur terroir, les climats en disent long sur l’histoire viticole de la Bourgogne. Leurs noms sont autant de lieux-dits à déchiffrer pour mieux comprendre l’identité des vins. Rien d’étonnant en définitive à ce que les climats de Bourgogne soient classés au Patrimoine Mondial de l’Unesco.