Beaujolais et amateurs de vin, une histoire d’amour contrariée (?)
En février 2012, chez Trois Fois Vin, on avait eu l’idée de placer une bouteille un peu spéciale dans l’abonnement Buissonniers. Une bouteille de Saint-Amour !
« Facile ! » Pensez-vous, Saint-Valentin = Saint-Amour, le lien était évident. Mais certains s’étonnèrent de trouver une bouteille de beaujolais dans leur abonnement, comme s’il s’agissait d’un outrage ! Qu’on se rassure, après l’avoir goûté, les doutes se muèrent en « mmmh » et en « ohhhh » de satisfaction.
C’est fou, mais c’est pourtant vrai, nous le vérifions chaque jour à la cave, le beaujolais est un des seuls vins de France a cristalliser autant de « désamour ». Et, comme souvent, ce rejet dont il est parfois victime, s’explique par un manque de curiosité et d’esprit d’aventure.
Comme c’est la Saint Valentin dans trois jours, et que chez Trois Fois Vin, nous aimons les vins du Beaujolais d’un amour véritable et sincère, voici quelques petites informations qui vous permettront de vous envoyer en l’air (en toute modération, hein ?) avec le petit frère de Madame Bourgogne.
En effet, rappelons-nous qu’ officiellement le vignoble du Beaujolais est rattaché au vignoble de Bourgogne par jugement du 29 avril 1930 du tribunal de Dijon. On observe aussi que du côté du négoce, la plupart des grandes maisons bourguignonnes vendent aussi du beaujolais (beaucoup – beaucoup trop ? – de Beaujolais Nouveau, et en particulier à l’export… Clé d’entrée facile sur certains marchés). Mais en ce qui concerne leurs appellations respectives, les deux vignobles sont bien distincts : au nord, la Bourgogne (Yonne, Côte d’Or et Saône-et-Loire) et plus au Sud, en Saône-et-Loire et dans le Rhône, le vignoble Beaujolais.
Rouge, surtout. Rouge, couleur de la passion !
La très grande majorité de la production est faite de vins rouges, fruités et gouleyants dont la garde excède rarement deux ans. Et c’est le gamay qui caractérise les beaujolais rouges. Caractéristique aussi, le fait que les deux tiers de la production des vins produits dans cette région se retrouvent sous l’appellation « Beaujolais » (96 communes ) ou « Beaujolais Villages » (38 communes). Le terme « nouveau » concerne les vins primeurs de cette production.
Certaines pratiques datant des années 70/80 (beaucoup de rendements, beaucoup – trop – de certaines levures…) changent petit à petit mais les préjugés persistent et les erreurs du passé ont eu pour effet de détourner les amateurs de petites pépites, d’un certain nombre de domaines où l’on produit pourtant d’excellents vins tout à fait intéressants au niveau gustatif.
Dix crus, dix nuances de rouge…
Le plaisir est décuplé avec les dix crus du Beaujolais. Et il est bien difficile de ne pas craquer pour ces vins rouges (exclusivement) ! Rendements volontairement réduits, domaines exigeants, vins complexes à la garde parfois étonnante,
chacun de ces dix crus a un terroir bien défini dont la typicité n’a rien à envier à la Bourgogne dont ils sont si proches : Juliénas, Chénas, Moulin-à-Vent, Fleurie, Chiroubles, Morgon, Régnié, Brouilly, Côte-de-Brouilly et bien sûr : Saint-Amour.
Produit dans la partie méridionale de la Saône-et-Loire, l’appellation « Saint-Amour » (classée AOC en 1946) se concentre sur la commune de Saint-Amour-Bellevue. Et comme si son nom ne suffisait pas à nous faire croire qu’il s’agit d’un produit « marketé » pour les amoureux (vous aurez compris que de marketing, il n’est pas question ici), le sol dans lequel les ceps de gamay plongent leurs racines est fait de granit… rose ! La robe est pourpre (comme un bouquet de roses rouges), les arômes typiques sont ceux de la violette, de la pivoine. On trouve aussi des épices et du musc (torride, non ?). Enfin, en bouche, ce vin sera ample et souple et la finale longue et intensément fruitée…
Mais !
Seriez-vous séduits ?
Ne rougissez pas, c’est ça, l’effet Beaujolais !