Le vin a depuis quelques années trouvé sa place sur Internet : déjà, comme alternative aux circuits classiques de distribution (par exemple, le concept de Box que vous connaissez bien 😉 mais aussi pour se recréer des espaces communautaires, semblables aux confréries bachiques d’antan. Réseaux sociaux, plateforme de crowdfunding, jeux… le vin 2.0 est bien là ! Trois Fois Vin vous emmène visiter le Vinternet !
L’achat de vin en ligne
Avec une croissance annuelle de 30%, les ventes de vin en ligne progressent, même si elles ne représentent encore que 9% du volume total des achats de vin (contre 79% pour les grandes surfaces) selon le dernier baromètre Sowine/SSI. Internet est néanmoins devenu une source d’information privilégiée puisque 26% des acheteurs choisissent de s’y renseigner, délaissant ainsi la presse écrite magazine ou les guides d’achat, rois déchus de ces dernières décennies. Pour acheter, l’internaute a une infinité de possibilités : des sites généralistes, des ventes privées, des discounters ou déstockeurs, des sites de niche (spécialistes de vins effervescents, de vins d’une seule région, de vins bio, de vins étrangers…) sans oublier les services annexes, eux aussi monétisables (stockage des vins de garde, service à domicile…).
Pléthore de choix donc, sur des modèles ne s’éloignant que peu des transactions habituelles (même schéma vigneron -> distribution -> client). Mais ce n’est pas le cas de tous !
Le vin social
Et c’est même précisément ce que voulait éviter Les Grappes ! Hybride de réseau social et de plateforme d’achat, Les Grappes se définit comme « la communauté de ceux qui préfèrent acheter leur vin aux vignerons. » Les membres, connaisseurs ou simples curieux, commentent et laissent des avis aux vignerons dont ils ont testé les vins, font part de leurs coups de coeur… les autres peuvent les suivre, comme sur Twitter, pour être sûr de ne pas manquer leur dernier test par exemple. Même chose pour les vignerons, membres eux aussi, ils discutent directement avec leurs futurs clients, sans tierce-personne ni distribution. Une nouveauté puisque très peu de vignerons possèdent leur propre site d’e-commerce. On parle donc d’un réseau social d’achat à la source, comprenant actuellement pas moins de 1500 membres.
Autre classique du web 2.0, le crowdfunding ou financement participatif. Sont proposés des projets, plus ou moins aboutis, auxquels il manque de l’argent pour passer du stade de prototype à celui de production de masse. Les « backers » ou donateurs supportent le projet en payant en échange de contreparties proportionnelles à la somme. Une fois l’objectif atteint, la production se lance, assurant à chaque backer une réception en avant première et à prix réduit. Fundovino reprend exactement le même principe et permet aux viticulteurs et amoureux de vins d’envisager de nouveaux projets, voire même de réaliser leur rêve ! Par exemple, pour aider Thomas, jeune caviste, à acquérir une petite parcelle de 20 ares de vignes à Canon Fronsac. Un backer saura qu’il l’a aidé personnellement, professionnellement, qu’il aura permis à quelque chose d’exister et qu’il en goûtera les fruits en buvant le premier vin de Thomas, accomplissement collectif d’un projet personnel. C’est donc un souffle nouveau pour un grand nombre de petits vignerons. Le site a d’ailleurs été récompensé par le “Prix de l’innovation” décerné par la RVF le 8 janvier 2015.
Enfin, d’autres communautés existent également. Entre guides participatifs et réseaux sociaux, ils fonctionnent sur un principe simple : les utilisateurs donnent leur avis sur les vins qu’ils dégustent et leur attribuent des notes. Plus un utilisateur a commenté, plus il acquiert une visibilité et une crédibilité (voire même un système de points qui seront utilisables pour obtenir des réductions par le suite). C’est le cas de TweetAWine, de U’ Wine Network et dans une certaine mesure de Winewoo, le « Shazam » du vin, dont la communauté devra remplir les bases de données au fur et à mesure de dégustations.
Le vin ludique ?
On a vu le vin en tant que business, le vin en tant que lien social (comme dans la vraie vie donc), qu’en est-il du vin en dehors de ses secteurs d’activité habituels ? Là aussi, le vin 2.0 a fait son chemin.
Dans le jeu vidéo par exemple, hobby pourtant assez lointain du mode viticole. Et pourtant, le jeu Vinoga est bel et bien destiné aux amateurs de vins à qui il propose de se mettre dans la peau d’un producteur pour s’occuper de la propriété viticole qu’un vieil oncle vous a légué. A vous de reprendre les rênes, guidé dans vos choix par des experts de la viticulture et de la vinification : de la sélection des cépages au type de terroir en passant par l’entretien de la vigne et l’organisation des vendanges… toutes les étapes jusqu’au choix de la bouteille et de son étiquette ! Mais le jeu ne s’arrête pas là ! Il permet tout simplement, une fois votre vin fini (dans le jeu), de le commander et de le recevoir directement chez vous ! Et je veux bien dire chez vous, dans la vraie vie ! Business model intéressant, basé notamment sur le succès de Farmville, le jeu de gestion de ferme de Facebook dont il s’inspire beaucoup, Vinoga a remporté le grand prix du concours VinoCorkLab sur le salon Vinitech-Sifel à Bordeaux en décembre dernier.
Finalement, il est intéressant de voir comme le monde du vin sur Internet répond aux mêmes questions : quel vin choisir (le système de cote, de notation, de commentaires…), où l’acheter (filières classiques ou alternatives), avec qui en parler (communautés, réseaux sociaux, blogs). Mais le vin sort aussi des sentiers battus pour explorer le jeu vidéo et se crée un public. C’est à se demander sur quels autres aspects de la vie personnelle pourrait nous accompagner le vin ? Non ? Vous ne voulez pas me faire croire que les amoureux du vin ont leur propre site de rencontre ? Si si, il s’appelle Vinealove et je vous laisse le découvrir…